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Entretien avec Annemarie Gielen de Pax Christi au sujet de la culture de la paix et de la non-violence

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Le 21 septembre 2019, Fedactio s’est entretenu avec Annemarie Gielen, directrice générale de Pax Christi Vlaanderen, la section flamande du réseau mondial d’organisations d’inspiration chrétienne œuvrant pour la paix et la non-violence. Cette interview s’inscrit dans le cadre de notre campagne Speak Right Now durant laquelle nous organisons des activités et mettons en lumière des responsables politiques, académiques ou associatifs œuvrant en faveur des droits humains et de la cohésion sociale. 



Annemarie Gelen a commencé à travailler pour Pax Christi International après des études en langues et cultures d’Europe orientale à la KULeuven. Un an plus tard elle se rendait en Russie pour travailler sur les droits de l’homme. Elle n’aurait jamais pensé devenir un jour une activiste de la paix, voici maintenant 17 ans qu’elle travaille chez Pax Christi Vlaaderen dont 7 ans en tant que directrice générale. Dans le cadre de la Semaine de la Paix, nous avons pu nous entretenir sur ses motivations personnelles et professionnelles. 




Pourriez-vous nous décrire les objectifs de Pax Christi ?


Pax Christi Vlaanderen travaille sur 4 axes pour promouvoir la culture de la paix. Le premier de ces axes est un travail de formation. Nous aidons les gens à identifier les conflits et/ou injustices et examinons ensemble des moyens de parvenir à une résolution pacifique. Nous œuvres en Flandre, mais également dans les zones de conflits comme en Russie, en Ukraine, au Congo ou via notre réseau international en Palestine-Israël.


La paix mondiale est un plan très ambitieux, comment l’envisagez-vous ?


Nous employons différentes approches pour œuvrer à la consolidation de la paix. Il est important pour nous de ne pas parler à la place des personnes impliquées, mais de trouver des solutions conjointement. En Flandre par exemple, dans le cas de conflits liés aux migrations ou aux détentions, nous rencontrons les acteurs concernés. Il en va de même pour nos opérations en Russie ou au Congo. Nous cartographions le conflit, et établissons des collaborations avec les groupes qui souhaitent agir de manière non-violente. Nous ne prétendons pas détenir toutes les réponses ou des vérités absolues sans discussion. Cependant nous avons une expérience des méthodologies et des théories qui peuvent nous aider à lancer certains processus de paix. Réciproquement, nous essayons d’apprendre de ces groupes et de les impliquer dans nos campagnes de lobbying et de sensibilisation. 


Comment voyez-vous la relation entre spiritualité, étude et action ? 


La spiritualité est un aspect important de notre organisation. C’est une source d’énergie et un rempart contre le cynisme et le sentiment d’impuissance. Pax Christi est né en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Inspirés par la Bible, les fondateurs ont appelé comme il est rapporté de Jesus à « aimer l’ennemi et à prier pour le bien-être de ceux qui nous persécutent ». Ils voulaient briser la spirale de la violence en étant compatissant envers la population allemande. 


Travaillez-vous également sur le dialogue interculturel ou interreligieux ? 


Nous devons créer une société inclusive. Au sein de notre équipe et de notre cercle de benévoles il existe une grande diversité d’expériences religieuses. Notre objectif est d’apprendre à connaître et à respecter l’autre par le biais de rencontres. Par exemple, chaque mois nous organisons des méditations interreligieuses au cours desquelles des personnes de différents horizons se réunissent et méditent. Mais nous avons également diverses publications et formations sur l’utilisation du texte biblique comme outil pour promouvoir la paix. Grâce à ces travaux, nous pouvons créer des ponts avec les musulmans, les juifs, les orthodoxes, les humanistes… 


Quel est votre principal objectif en tant que directrice générale ? 


Mon rêve est que Pax Christi n’aie plus de raison d’exister *rires*. Mais à court terme, je souhaite que le monde puisse avoir la patience de comprendre les autres dans leur différence. Que chacun fasse son introspection et se demande « Pourquoi ai-je cette opinion ? Pourquoi je me comporte de cette façon ? » Tout le monde se pose des questions existentielles mais personne n’a de réponse toute faite. Le doute et l’incertitude peuvent exister, mais ils sont source de frustration et de conflit. Les gens doivent comprendre qu’il est possible d’agir, de faire un travail sur soi-même et d’aider les autres. Plutôt que d’adopter une attitude cynique et violente, un changement de mentalité serait souhaitable. Personne ne veut vivre des tensions en permanence, tout le monde désire la paix. 


Que peuvent concrètement faire les gens pour soutenir la paix ?


Nous encourageons les gens à être critiques. Si vous voulez vous faire une opinion sur quelque chose il est utile de s’y plonger, cela va de l’écologie à l’économie. Si vous vous sentez impuissance face à une situation, il est important d’essayer de la changer. De cette manière, qu’elle que soit l’ampleur du changement vous contribuez à une société meilleure. Dans les régimes autoritaires tels la Turquie ou la Russie, il y a toujours des initiatives et des réseaux d’entraide et de résistance. La lutte non-violence est difficile mais en vaut la chandelle, car la violence cause toujours plus de dégâts. 


Quelle expérience retenez-vous de toutes ces années de lutte pour la paix ? 


La chose la plus importante que j’ai apprise est l’énorme capacité de résistance qu’ont les personnes victimes d’injustice. Je pense à l’aura de dignité qui les entoure dans leur combat. C’est pour moi une source de motivation de savoir qu’il existe des personnes qui ne s’abandonnent pas au pessimisme ou au désespoir. Le seul moyen c’est de garder espoir. Pax Christi a une influence majeure sur le plan individuel. À titre d’exemple notre plan de réconciliation entre Russes et Tchétchènes na pas conduit les présidents de ces républiques à tomber dans les bras l’un de l’autre, mais les personnes qui ont participé à nos rencontres se comprennent mieux. Cela a permis de créer des liens d’amitié entre Russes et Tchétchènes qui étaient auparavant inconcevables. Au Congo des groupes appellent depuis des années par la non-violence à plus de démocratie. Malgré le résultat des élections, de nombreux Congolais ont voté. Cette participation démocratique procure aux gens un sentiment de dignité et d’engagement. Il est possible d’obtenir des résultats après un travail de cooperation à long terme sur les droits civils, les droits humains, la paix… 


Quels changements remarquez-vous dans le climat politique actuel ? 


Il y a 15 ans les tensions internes à notre société n’était pas au premier plan, notre action était surtout tournée vers l’étranger. Une part importante de notre société est dérangée par la diversité. Ce sentiment de malaise est exacerbé par l’escalade verbale des politiciens comme Donald Trump ou Vladimir Poutine. En outre, il y a l’urgence climatique que les gens ne veulent pas entendre. Ces nouveaux défis nous concernent évidemment. Lors de nos semaines de la paix en 2017 et 2018, nous avons travaillé sur la manière dont les gens peuvent désamorcer les tensions dans leur propre société. Lors des élections communales nous avons développé une méthode de théâtre participatif. Par le biais de représentations théâtrales interactives, nous ouvrons un dialogue avec le public. L’objectif est de stimuler la pensée critique et de montrer que des alternatives sont possibles. 


Comment percevez-vous le raidissement de pays européens comme la Pologne et la Hongrie, mais aussi en Turquie ou en Russie ? 


Nous avons toujours été d’ardents défenseurs de l’Union européenne. Nous observons avec tristesse des attaques de toutes parts contre le projet de paix européen. Avec les autres filiales de Pax Christi en Europe, nous plaidons devant le Parlement européen. Nous nous efforçons de maintenant au premier plan la paix, la coopération et le dialogue. 


Comment impliquez-vous les jeunes dans votre lutte ? 


Nous communiquons via des canaux que les jeunes utilisent. Nous touchons les jeunes par le biais des universités, et souhaitons à l’avenir coopérer davantage avec les organisations jeunesse. Nos sympathisants les plus âgés disent parfois que les jeunes ne s’intéressent plus aux questions sociales, mais ce n’est pas ce que je constate. Les jeunes sont de plus en plus conscientisés à cause de la polarisation sociétale et du changement climatique. 


La Belgique siègera au Conseil de sécurité des Nations Unies de 2019 à 2020, quel message souhaitez-vous faire passer ? 


La Belgique siège au Conseil de sécurité avec un message fort que nous soutenons : « Bâtir le consensus, agir pour la paix ». Seulement nous constatons dans la pratique que peu de ressources y sont allouées. Si nous nous penchons sur le budget fédéral, force est de constater que les dépenses consacrées à la paix ont fortement diminué. Le gouvernement veut faire des économies, mais ne peut pas ne pas voir l’urgence. Il y a très peu de débats au sein du Parlement sur comment résoudre les conflits internationaux. On préfère se concentrer sur la modernisation de la Force aérienne et l’achats de nouveaux avions de combat. Le renouvellement de l’équipement semble aller de soi, « l’armée a besoin de nouveaux avions de combat », mais ce postulat n’a pas été discuté. Que va faire la société belge de 30 nouveaux avions de combat à 15 milliards d’euros ? Si vous vous opposez à cet achat, les gens vous trouveront stupides ou naïfs, mais c’est en réalité l’inverse. Si les gens prenaient conscience du coût des bombes larguées sur l’Irak ou la Syrie et de leurs conséquences sur le terrain, plus personne ne voudrait investir dans cela. Les gens ne se rendent pas compte de ce que représente 15 milliards. Nous pensons que si les gens sont crédules et se laissent abuser c’est parce que cela répond à un sentiment de peur. Pourquoi n’investissons-nous pas cet argent dans la transition vers une industrie pauvre en émission CO² ? On peut aussi se demander pourquoi le budget alloué à ces avions dépasse celui de la Santé. Il suffit de penser aux parents de Pia qui ont désespérément lancé un appel aux dons pour couvrir les frais de traitement de leur enfant. 


Vous organisez votre 30me semaine de la paix. Quelle est la particularité de cette édition 2019 ? 


Nous sommes les instigateurs de cette semaine, mais nous invitons d’autres organisations et partis politiques à y participer. Nous travaillons ici aussi sur 4 axes. Au niveau politique nous publions des recommandations. Sur le volet éducatif nous nous adressons aux écoles et aux centres extrascolaires. En ce qui concerne la sensibilisation, nous essayons de toucher les gens via internet et les réseaux sociaux, mais aussi via des soirées-débats et actions de rue. Nous invitons également chaque année une personne à témoigner. Cette année il s’agit d’un Sud-Soudanais qui travaille dans les zones de conflits. Enfin nous avons un volet spirituel avec la lecture de textes sur la thématique de la paix. 


Comment voyez-vous l’avenir de votre mission ? 


Je suis une personne très optimiste. Je pense que le désir de paix est partout. Les gens veulent d’un monde de paix qui leur permet d’aller à l’école, au travail, de fonder une famille. Consolider la paix ne se fait pas sans le dialogue et la coopération. Tout le défi consiste à impliquer les gens dans la construction d’une société pacifique, qu’ils se sentent investis par ce projet. Je suis convaincue que chaque individu est capable d’œuvrer pour la paix, il faut juste lui en donner l’occasion.
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