Le professeur Dimo Kavadias a fait part d'importantes remarques en lien avec l'implication sociale des jeunes d'origine allochtone. Selon les dires de Kavadias, les jeunes allochtones seraient plus intéressés par la politique belge que leurs homologues autochtones. En outre, il a déclaré que l'augmentation des frais d'inscription pourrait constituer un point de rupture et a comparé l'éventuelle situation à celle de la révolte estudiantine de 1968. Pendant la discussion, il a également été question de la radicalisation croissante ainsi que des solutions pouvant être amenées à cette dernière. Enfin, en tant que membre du jury, Kavadias a proposé d'élargir la portée des Olympiades de Sciences Sociales (SOWO) vers l'ensemble de l'enseignement secondaire.
Les jeunes flamands croient de moins en moins en la démocratie.
D’après les études menées par l’ICCS, auxquelles Dimo Kavadias a collaboré, les jeunes flamands semblent les moins optimistes comparés aux jeunes dans le monde entier en ce qui concerne leur attitude par rapport à la démocratie.
Cela ne va pas de pair avec l’engagement social. De plus, en 2012, une autre étude de la plateforme de recherche de la jeunesse a une fois de plus confirmé que les jeunes d’origine flamande témoignent d’un taux très bas en termes de volontariat. Kavadias décrit l’engagement social comme « une orientation qui lie tout le monde, qui modifie la préservation de l’espace public, où les gens peuvent se rencontrer ». La recherche de l’ICCS sera poursuivie en 2016 par un groupe de recherche de Louvain.
Les jeunes se laissent vivre au lieu de vivre réellement.
D’après Kavadias, les résultats des recherches ne montrent aucune anomalie. Il n’importe pas que les jeunes participent activement, mais bien qu’ils puissent devenir actifs lorsqu’un problème se pose. « Tout le monde n’est pas tenu d’être dans les rues continuellement, mais le vrai problème se pose lorsqu’aucun jeune questionne ce qui est en train de se passer et n’adopte aucune réaction critique à l’égard des décisions prises par le pouvoir à leurs égards »
La propension à la participation et à l’intérêt politique est moindre parmi les jeunes autochtones par rapport aux jeunes d’origine immigrée.
Ceci ressort des analyses d’une étude pas encore publiée du prof. Kavadias. L’engagement social n’est pas une donnée stable et a un lien fort avec le fait de ne pas se trouver dans « une zone de confort ». Les jeunes autochtones flamands se trouvent dans leurs zones de confort et se soucient en conséquence moins des décisions politiques. Les jeunes allochtones flamands par contre prétendent ne pas pouvoir respirer comme il faut et veulent en conséquence prendre des initiatives pour rendre les choses plus vivables.
Il arrivera un temps où ils prendront conscience, tout comme en mai 1968.
« Bien que les études fassent ressortir pour le moment le fait que les jeunes soient moins intéressés par la politique, je pense que cette attitude pourra rapidement évoluer si on assiste à une grande agitation, comme par exemple la conséquence du processus en cours qui vise à augmenter les frais d’inscription des études supérieures. C’est un dossier symbolique qui les concerne directement, à savoir la limitation de leur liberté, de leur accès aux études. Dans la mesure où cette polarisation se poursuivra, pour grand nombre de jeunes il sera question d’un point de rupture. C’est un moment difficile à prédire à l’avance et il ne sera pas aisé de dire quel effet cela aura sur l’avenir, tout comme en mai 1968 » dit Kavadias.
Les problèmes tels la radicalisation sont alimentés par l’attachement aux mondes séparés.
D’après l’étude ICCS précitée, il apparaît également que les étudiants flamands sont très réticents à l’égard de la multiculturalité. Interrogé à propos des problèmes de radicalisation en cours, le professeur Kavadias répond avec prudence. « L’enseignement en Flandre est sérieusement très fermé. Les enfants issus d’origines sociales différentes fréquentent des écoles/ des mondes séparées et se voient très rarement. La ségrégation ne s’arrête malheureusement pas entre les murs de l’école : l’habitat et les loisirs sont séparés, l’espace public est séparé, et plus tard le marché de l’emploi également. Quand toutes ces séparations se concentrent, on parle alors de mondes d’un autre niveau, et c’est là qu’on réagit clairement. Quand on évoque le nombre de départ pour combattre en Syrie, le pourcentage en Flandre est incontestablement plus élevé que dans d’autres pays. Ces pourcentages nous proviennent de quelque part. Ceux qui partent n’appartiennent pas tous à une classe sociale défavorisée bien spécifique. Mais l’opinion publique reproduit un certain nombre de stéréotypes, et c’est là que se joue une toute autre dynamique, comme la solidarité entre un certain groupe de croyants ou la perte de la classe sociale de laquelle ils sont issus. Mais le fossé se creuse davantage et les problèmes sont alimentés par les attachements excessifs aux deux mondes séparés. « Je suppose qu’un des facteurs majeurs est de contribuer à cela » conclue Kavadias.
Les sociétés civiles ont un rôle à jouer afin d’encourager les jeunes à avoir un intérêt et une attitude plus ouverte.
Ces dernières années, nous avons été témoins d’un intérêt grandissant envers les organisations qui, ouvertement, veulent amener leur pierre à l’édifice à propos des questions de société. Il en est ainsi depuis le début du projet pour les olympiades de sciences sociales (SOWO) ; davantage nous voyons la création de nouvelles associations qui visent à encourager les jeunes à plus d’engagement et leurs donnent le goût pour le volontariat. Tel est le cas par exemple pour l’association « For Youth ».
« Le champ du travail social en Flandre est très vaste, et témoigne d’une grande diversité d’actions. Il y a deux extrêmes parmi les organisations du travail social. Il y a les personnes qui travaillent bénévolement, comme par exemple ceux d’Amnesty International, et ceux qui vont jouer au football quelque fois dans la semaine. Il y a tout de même un groupe entre les deux, comme les mouvements de jeunesse ou les scouts, et ceux-là sont extrêmement importants ! La participation à ces associations s’avère très utile dans le sens qu’elle enseigne aux jeunes différentes compétences.
C’est à ce moment là que ces associations deviennent très “wit:blanc?? Legal??”
Elles ne sont pas les reflets du vivre ensemble. Un des moyens d’accroître l’intérêt pour l’engagement social est d’attirer un grand nombre de jeunes vers ces mouvements de jeunesse ».
Les expériences de Kavadias, qui cette année encore, comptera parmi le comité du jury des Olympiades des Sciences Sociales (SOWO)
« Ce fut une expérience très intéressante. Elle le sera davantage si on portera ce projet vers les élèves de l’éducation culturelle et comportementale. Ainsi que ceux des sections comme le Latin-Grec, la physique, les mathématiques et les sciences. J’ai moi-même étudié les sciences mathématiques, ce qui signifie que j’aurais du devenir médecin ou ingénieur. A vrai dire, j’ai opté pour les sciences sociales et je pense que chacun doit pouvoir saisir l’occasion de découvrir les autres options qui leurs sont proposées, afin qu’ils puissent découvrir ce en quoi ils sont intéressés ».
Qui est Dimo Kavadias? • Né Dimokritos Kavadias en 1969 • A étudié les Sciences Sociales et Politiques à la VUB • Fait des recherches en politique sociale, psychologie sociale, éducation à la citoyenneté et en politique de l’enseignement |
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