27,000 Turcs âgés de 3 à 24 ans vivent dans la Région wallonne, et le nombre est presque pareil pour la Région flamande. 19,000 d’entre eux étudient dans des écoles francophones et 17,000 dans des écoles néerlandophones. Environ 4% de ces étudiants vont dans des établissements spécialisés mais seulement 2% d’entre eux sont considérés handicapés. Environ 40-50% de ces étudiants sont des filles. Le nombre d’immigrés turcs faisant des études a pratiquement doublé depuis les années 1970. Seulement une partie des enfants turcs vont à l’école en maternelle, et la plupart sont souvent absents.
Selon une enquête réalisée en 1991, 2/3 des élèves turcs ont doublé au moins une fois en primaire. 50% des élèves auront un diplôme au terme des études secondaires, 25% des élèves n’auront pas de diplôme universitaire, 60% suivront un enseignement professionnel, et 40% d’entre eux doubleront au moins une fois. 1 élève sur 50 s’inscrira pour des études supérieures et 1 sur 25 terminera ces études.
L’enseignement maternel
L’enseignement maternel n’est pas obligatoire en Belgique mais 98% des enfants en Belgique y participent gratuitement. Il est prouvé que les enfants n’ayant pas été en maternelle auront plus de difficulté au niveau primaire. Pour les Turcs, ce sont seulement 80% des enfants qui vont en maternelle, et ils sont souvent absents. Cela freine l’apprentissage de la langue et la qualité de leur éducation. Certaines familles considèrent les classes maternelles comme des crèches, mais il faut savoir que la plupart des problèmes liés à l’éducation des élèves trouve sa source dans le manque d’expérience à cette étape de la vie ou l’enfant apprend à se socialiser et s’adapter à l’école.
Selon une étude de l’université de Liège en 1997, la situation familiale de l’enfant influence l’âge auquel les enfants commencent l’école. Donc, les enfants de familles nombreuses commenceront plus tard. Et les enfants nés en Turquie commencent également plus tard que les enfants d’origine turque nés en Belgique. Les enfants des parents qui n’ont pas suivi d’études commencent plus tard, et plus la maman est jeune, mieux l’enfant sera scolarisé. Si le papa travaille et la maman sort peu, l’enfant est souvent absent. Si les parents ne parlent pas/peu le français, l’enfant commence plus tard. Au contraire, les familles installées en Belgique depuis longtemps qui se considèrent citoyens du pays accorderont beaucoup plus d’importance à l’éducaton des enfants.
Par ailleurs, la recherche démontre que seulement la moitié des parents turcs sont en contact régulier avec les enseignants, et souvent, ce sont les mamans. En général, les mamans sont toujours influencielles dans l’éducation de l’enfant. Dans ce cas, il est important qu’elles sachent parler le français afin de savoir les attentes des enseignants et les points à développer chez l’enfant. Souvent, les parents qui ne comprennent pas la langue se font aider par des immigrés qui sont déjà plus expérimentés et peuvent faire office de traducteurs. Enfin, les réunions de parents et autres évènements organisés par l’école pour les parents favorisent les contacts.
L’enseignement primaire
60% des élèves turcs doublent au moins une fois en primaire. Pour les élèves belges, ce chiffre reste à 20%. Ces échecs arrivent plus souvent dans les écoles francophones. La plupart des échecs sont dûs à la langue, et à la recherche d’identité constante entre deux cultures, deux mondes, deux langues. Parfois, la situation économique des parents les freinent de s’intégrer dans le monde de l’école auquel ils sont si étrangers.
L’enseignement de la langue turque et la culture turque en Belgique
Des cours de langue turque sont donnés pour les minorités en Belgique, dans le cadre de la décision du Conseil européen, par des enseignants qualifiés par le gouvernement turc. Ces personnes enseignent selon le curriculum turc et s’adaptent à la culture des immigrés, et retournent en Belgique après 6 ans de travail. Cependant, ces cours ne sont pas intégrés dans l’enseignement normal de Belgique et ont souvent lieu le soir. Pour développer cela, il faut la coopération des Belges d’origine turque.
Des cours de turc sont compris dans le curriculum des trois grandes universités de Belgique (Liège, Gand, Bruxelles) mais ces cours ne sont pas suffisants pour former des professeurs de turc. Cependant, 80% des immigrés turc maitrisent couramment la langue turque. Cela est dû à l’environnement familial. 66% des jeunes turcs parlent couramment la langue du pays d’accueil. Très peu des jeunes parlent une autre langue que le Français et le Néerlandais.
La plupart de ces jeunes suivent les médias et télévisions turques, et 60% d’entre eux affirment suivre la presse belge.
L’enseignement spécialisé
70% des enfants se trouvant dans l’enseignement spécialisé y sont envoyés après des échecs ayant lieu dans l’enseignement primaire. 1500 élèves turcs sont dans ces établissements. Cela représente 4.7% des élèves turcs et donc le double du pourcentage des élèves belges présents dans l’enseignement spécialisé. Les causes identifiée par certains enseignants sont souvent ‘une mauvaise éducation dans la famille, des mariages entre cousins et des handicaps physiques ou mentaux.’ Malheureusement, la cause est pour la plupart des cas un échec scolaire en primaire. Les parents mal informés du système suivent donc les conseils des instituteurs et inscrivent leurs enfants dans l’enseignement spécialisé qui bloquera probablement l’éducation et donc la carrière future de l’enfant. Souvent, cela est suggéré afin de tenir ces établissements en vie, et certains parents acceptent parce qu’ils ne savent pas qu’ils peuvent refuser, ou parce que les allocations familiales augmentent dans ce cas.
Dr. Altay A. Manço, Université de Liège; Docteur en psychologie, directeur scientifique de l'Institut de Recherche, Formation et Action sur les Migrations (IRFAM).
A. MANÇO, Sociographie de la population turque et d'origine turque : 40 ans de présence en Belgique (1960-2000).
A. MANÇO, Dynamiques, problématiques, perspectives, Bruxelles, CRE-IRFAM, p.230, 2000.
A. MANÇO ET U. MANÇO, Turcs de Belgique. Identités et trajectoires d'une minorité, Bruxelles, Info-Türk et CESRIM, p.288, 1992.
U. MANÇO, Voix et voies musulmanes de Belgique, Publications des FUSL, Bruxelles, p.218, 2000.
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