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[Femmes à l'honneur] Angélique Léonard ou les sciences au féminin

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Cette semaine, Fedactio met à l’honneur Angélique Léonard, professeure de génie chimique à la Faculté des Sciences appliquées de l’ULiège et Présidente du Comité “Femmes & Sciences” de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Dans le cadre de la Journée internationale des femmes et filles de science, nous nous sommes entretenu avec Mme Léonard à propos de son travail de promotion de l'égalité des sexes et d’autonomisation des filles et des femmes en sciences appliquées.

Pourriez-vous vous présenter et nous décrire votre parcours professionnel ?

Je m'appelle Angélique Léonard. J'ai suivi une formation d'ingénieure civile en chimie et sciences des matériaux à l’université de Liège. Après mes études d'ingénieure, j'ai réalisé une thèse de doctorat suivie d’un séjour postdoctoral à l'étranger à Bordeaux et à Londres. Par la suite, j’ai obtenu un mandat permanent en tant que chercheuse qualifiée au FNRS, avant d’être chargée de cours sur une thématique autour du développement durable dans les procédés industriels en 2009. Depuis lors, j'ai gravi les différents échelons auxquels on peut accéder dans une carrière académique, c'est à dire professeure et enfin professeure ordinaire. Depuis 2016, je fais partie du Comité Femmes & Sciences, dont j'assure la présidence depuis mai dernier.

En parlant du Comité Femmes & Sciences, pourriez-vous nous expliquer son rôle et ses activités ?

Ce comité existait déjà de manière “non-officielle” depuis environ 15 à 20 ans, mais il a officiellement été institué par un décret en 2016. L’objectif principal est de favoriser l'égalité des carrières au féminin et au masculin, surtout dans les domaines scientifique et académique. Pour ce faire, différentes actions devaient être entreprises. La première consistait à mettre en évidence les chiffres, c’est à dire obtenir des statistiques genrées relatives aux différentes filières d'études ainsi qu’aux différentes carrières. Deuxièmement, il fallait également définir un ensemble de bonnes pratiques à diffuser au sein des universités et voir comment nous pouvons aider à améliorer la conciliation vie privée et vie professionnelle, dans le but de favoriser la présence de femmes aux postes les plus élevés de la carrière.

Comment expliquez-vous une telle sous-représentation des femmes dans les filières STIM ?
Il s’agit d’une problématique extrêmement complexe puisqu’on constate que mises dans des conditions propices [N.D.L.R. condition de « falsification du stéréotype »], les femmes sont tout aussi compétentes et leurs performances sont similaires à celles des hommes. Cependant, nous avons constaté que nous baignons dans une représentation genrée des métiers depuis notre plus jeune âge et nous voyons très clairement qu’en raison de ce contexte, les filles s’orientent plus naturellement vers des métiers ayant trait aux domaines du social, de l’aide aux personnes, de l’enfance, de la santé (médical, paramédical) ou encore de l’enseignement. Ce n’est pas quelque chose d'anodin car on s’aperçoit que les femmes ont mis en place des stratégies leur permettant de concilier vie professionnelle et vie privée et bien souvent, ces professions permettent la flexibilité nécessaire au fait de concilier ces deux aspects. Nous constatons également qu’à l’inverse, les garçons se projettent plutôt dans le domaine technique, dans la production et dans les métiers où les notions de compétitivité et de performance sont prépondérantes. Il est vrai que ce ne sont pas des compétences ou des profils qu'on associe généralement aux filles. Une fois de plus, cet amalgame est la conséquence de stéréotypes et ceux-ci doivent être bousculés et remis en question.

Quels sont les principaux obstacles à l’intégration des femmes dans les filières STIM ?

Je ne pense pas qu'il y ait de véritables obstacles à l’'intégration. Il s’agit avant tout du fait qu’elles ne font pas le choix des STIM. Cependant, lorsque nous parlons d'intégration à différents niveaux de carrière, si l’on considère une carrière dans les STIM au niveau industriel, on se rend compte que les obstacles rencontrés sont généralement en rapport avec la conciliation de la vie privée et de la vie professionnelle. Par exemple, dans ma promotion d'ingénieurs civils chimistes, nous étions cinq filles. Une seule a tenté l'expérience de l'industrie mais elle a fait une dépression après environ 5 ans car la pression était trop forte. Elle se mettait peut-être elle même trop de pression. Un peu plus tard, elle s’est réorientée vers l'enseignement, tout comme mes autres camarades de promotion et moi-même. Lorsque j'ai fait le choix de rester à l'université, tout en ne sachant pas si j'aurais la possibilité d'y faire carrière, c'était aussi en pensant à cette conciliation vie privée/vie professionnelle. Cette difficulté à concilier les deux demeure un véritable frein, étant donné que la responsabilité quant à l’éducation des enfants repose encore et toujours majoritairement sur les femmes, bien que cela évolue.

Selon vous, quelles sont les actions politiques à mettre en place afin de promouvoir l’intégration des femmes dans ces filières ?

En fait, nous nous rendons compte que pour le moment, nous avons toutes les cartes en main pour que les choses aillent dans la bonne direction. Nous pouvons ainsi citer le “Pacte pour un Enseignement d’excellence” de la FWB qui contient différents points ayant pour objectif d'introduire tous ces concepts technologiques au niveau du tronc commun. Il a pour objectif de faire en sorte que filles et garçons aient accès aux mêmes type de cursus et voient les mêmes matières pour qu'il n'y ait aucune différence à ce niveau. Le fait que les enseignants, qui seront en interaction avec les enfants, aient la possibilité de se former de manière continue au sein même d'entreprises et dans des centres de formation de compétences, permet de les remettre à niveau et de faire en sorte que leurs cours soient toujours en adéquation avec la société qui évolue très vite. Nous pouvons également mentionner la formation initiale des enseignants puisque le décret a été voté la semaine dernière au Parlement. Tout est à construire. Les référentiels éducatifs prévoient que la notion de genre soit intégrée de manière transversale dans la formation des futurs enseignants mais encore faut-il que ce soit opérationnalisé de la bonne façon pour que, justement, les futurs enseignants puissent déconstruire les stéréotypes et avoir cette approche genrée dans le cadre de leur cursus et des cours qu'ils dispenseront plus tard aux enfants.

Si vous aviez un message à faire passer aux jeunes filles et jeunes femmes qui hésitent à se lancer dans des études ou des carrières STIM, quel serait-il ?

Il faut tout simplement oser et se dire que oui, elles sont capables tout autant que les garçons et de magnifiques carrières s'ouvrent à elles si elle embrassent les STIM.


Angélique Léonard est titulaire d'une maîtrise en génie chimique et d'un doctorat en sciences appliquées. Sensibilisée de longue date aux problèmes environnementaux, elle a pressenti dès ses études que le traitement des boues d’épuration allait constituer un défi important. Auteur d’un travail de fin d’études sur une unité industrielle de séchage de boues de station d’épuration, elle a poursuivi son sujet en y consacrant sa thèse de doctorat (2003). Elle est la première chercheuse au monde à avoir utilisé la technique d’imagerie par microtomographie à rayons X pour étudier le séchage de matériaux déformables, parmi lesquels les boues d’épuration mais aussi des gels de synthèse et des produits agroalimentaires. 

Elle est depuis 2007 chercheuse qualifiée FNRS. Aujourd’hui professeure ordinaire à la Faculté des Sciences appliquées de l’ULiège, elle en dirige l’unité de recherche en génie chimique depuis 2016.

Elle a reçu plusieurs distinctions dont le Prix Frédéric Swarts de la Classe des Sciences de l'Académie Royale de Belgique, prix attribué à une recherche scientifique originale dans l'industrie chimique. Elle a co-écrit plus de 120 articles dans revues internationales et plus de 120 actes de conférences.
En mai 2018, Mme Léonard a été élue Présidente du Comité « Femmes & Sciences » créé en 2016 par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Femmes & Sciences soutient l'autonomisation des femmes dans les instituts universitaires et scientifiques. Le conseil fournit des conseils et des recommandations sur l'égalité des sexes et discute des mesures à prendre à ce sujet.
Les travaux de Mme Léonard rejoignent parfaitement les actions mises en places par Fedactio pour donner voix aux femmes. Nous saluons son parcours et tout ce qu'elle a pu entreprendre pour les femmes dans le domaine scientifique. Enfin, Fedactio soutient la mission de « Femmes & Sciences » consistant à promouvoir l’égalité des sexes dans les sciences appliquées.
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